Qui n'a jamais donc rien appris de la vie? Qui ne sait pas ce que c'est de se voir mourir? Quand on a tout perdu quelle solution nous reste-t-il? Je me posais encore toutes ces questions. Incapable d'aller dans une ville plein de monde, incapable d'agir comme les autres. Il ne me restait plus rien, à part me voir complètement différent. Qu'est-ce qu'il n'allait pas chez moi? Qu'avais-je donc fait à la vie, pour tout perdre du jour au lendemain? Je n'avais rien fait. Croire que son frère est mort avant de se rendre compte que j'étais le seul survivant. Parce que j'étais lâche, j'ai toujours été lâche. Je n'avais plus rien à apprendre.

Qu'avais-je donc d'autre à apprendre? A part me regarder dans un miroir et voir que le Mathis que tout le monde aimait, avait disparu pour laisser place à un monstre. Peut être que certains appréciaient leur condition, mais je continuais à croire que j'étais un monstre. Et j'étais pas le seul à le croire. D'autres aussi le croyait. Parce que j'avais l'habitude de vivre dans la forêt,  je voyais bien que des gens traquaient des gens comme moi, car je savais que je n'étais pas seul au monde à être un monstre. Je m'étais toujours demandé à quand ça serait mon tour. Peut être que j'aurais dû être plus avec les autres, peut être que j'aurais dû me rapprocher des autres mais j'ai jamais voulu. J'avais trop peur de souffrir. Trop peur qu'on me fasse du mal.

"Y a quelqu'un par ici!" Entendis-je alors. Je regardais autour de moi, à part moi, il n'y avait personne. Je m'étais fait repéré. Peut être que je devais courir, peut être que je devais fuir, ou tout simplement accepté mon destin et mourir. Soudain, j'entendis le bruit d'un pistolet et d'une balle siffler dans ma direction. En argent, elle était en argent. Ce n'était pas bon signe pour moi. Alors je me mis à courir. Mon instinct de monstre revenait. Je sortis mes griffes, espérant courir plus vite mais je fus pris au piège, j'étais  tout seul contre une bande de chasseurs. Une autre balle en argent siffla touchant ainsi ma cuisse. Je me mis à hurler et à redevenir humain. J'étais blessé. Alors ils en profitèrent pour s'approcher de moi .

"Alors le loup, tu vas mourir... ça fera un de moins de ton espèce..."

"Si jeune.. et déjà un monstre..."

J'avais envie d'hurler que je savais que j'étais un monstre. J'allais mourir là, devant eux. J'avais voulu rester, j'en payais le prix. Je ne pouvais qu'en prendre à moi même. Je me mis à hurler et à gémir. Mourir à 17 ans, ce n'était pas cool, mais je savais que j'avais failli mourir à 14 ans. La bête s'éteignait petit à petit, je sentais la fin approcher. Je préférais la mort à cette vie là. Je n'étais plus celui qu'on admirait, j'étais celui qui faisait peur. Qui me regretterait? Personne n'était en vie dans ma famille, je n'allais manquer à personne. Je me demandais même pourquoi j'étais venu là. Je ne savais pas si c'était le fruit de mon imagination, ou que je rejoignais déjà la mort, mais je crus voir quelqu'un au loin, qui m'observait. On aurait dit qu'il pleurait ou qu'il avait la rage, je n'en savais rien. Je préférais fermer mes yeux et me laissait emporter vers ma famille. Je m'appelais Lõhan Mathis Carpenter, j'avais 17 ans et j'étais un loup garou. Mais j'étais mort et personne me regretterait. Je n'avais pas su m'adapter à cette nouvelle vie. Je n'étais qu'un simple loup solitaire.