Le cimetière. Lieu de peur pour certains, de respect pour d'autres. Que peut-on craindre à l'intérieur de ce lieu ? Surement pas que les morts se réveillent. Quoi que... Milan était bien de retour, elle. Une personne sortant de sa tombe qui retournerait voir sa famille l'air de rien, cela devrait être drôle à voir. La jeune femme n'aura jamais l'occasion d'en rire. Tout le monde était mort. Mais la vie continuait, même en tant que démon revenu de l'enfer. L'orpheline s'avança, les mains dans les poches de sa veste noire, marchant d'un pas léger sur l'herbe verte. Vêtue d'un jean également noir ainsi que d'un t-shirt sombre sous sa veste, le teint pâle et avec sa fine silhouette, les quelques personnes présentes la dévisagèrent avec attention. Milan partit s'assoir sur une des barrières qui entourait la place. Sortant de sa main une cigarette, elle commença à la fumer en observant à son tour les individus. Une vieille femme pleurait et murmurait quelques paroles qui visaient probablement à dire au défunt combien il lui manquait. Milan soupira. A quoi bon parler à quelqu'un de mort, puisqu'il ne vous répondra pas ? Elle n'avait jamais compris ce concept. Quatre autres personnes étaient là. Elles rénovaient la stèle se tenant devant eux. Quelle importance ? La jeune femme n'était retournée qu'une fois voir sa tombe. Des fleurs et des messages d'amis, de proches. Que d'hypocrisie. Elle avait toujours été seule, et voilà qu'une fois morte on lui accordait de l'importance. Milan porta le mégot à sa bouche une nouvelle fois. S'énerver ne servirait à rien. Cela n'empêchera pas les gens d'être stupides, n'est-ce pas ?

Toujours assise sur la barrière, une jeune fille qui ne devait pas avoir plus de neuf ans s'approcha d'elle. Ses cheveux blonds volaient avec la légère brise et ses yeux verts semblaient contenir toute la curiosité du monde. Sans savoir pourquoi, Milan s'attendrit devant ce visage de poupin. Mais n'aimant pas qu'on la dérange, elle tenta de montrer un visage froid et peu aimable. Mais l'enfant n'en fut pas effrayée pour autant. « Pourquoi tu pleures pas ? » lui demanda-t-elle innocemment. Ne comprenant pas trop la question, elle lui demanda de répéter. « Les gens ici, quand ils viennent, et bah ils pleurent. Pourquoi pas toi ? Et pourquoi tu es pas devant une tombe ? T'es pas triste ? » Mais de quoi elle se mêlait.. Visiblement énervée, l'adulte hésitait à répondre aimablement ou non. « Jill ! Reviens là ! » s'exclama le père de la petite. Sauvée. Milan continua de fumer et ferma les yeux. Quand elle les rouvrit, il n'y avait plus personne. Elle se leva et marcha entre les différentes dalles. Certaines étaient plus belles que d'autres, mieux entretenues... Soudain, elle entendit un craquement. Se retournant violement, elle réalisa que non, elle n'était pas seule. ► MILAN

« people are strange, when you're a stranger. faces look ugly, when you're alone. women seem wicked, when you're unwanted. streets are uneven, when you're down. » ► DOORS