SE VENGER C'EST BIEN.
SUR LE BON C'EST MIEUX.

- PV Jeremiah -

Minuit... Une heure... une heure trente... deux heures... Et le bruit de l'horloge qui commençait à résonner dans ses tympans comme une ôde à la mort. Son regard se posa sur le cercle de métal en coin, il se leva de sa chaise, lentement, la main bandée d'une fausse manœuvre à la scierie, mais sans gravité et s'avança pour prendre l'engin , le retourner et ôter les piles qui l'alimentait. Horlogicide. Le tic tac n'était plus là. Il ferma un court instant et souffla la fumée de sa clope par le nez, posant tout sur la grande table de la salle à manger. Dehors, il pleuvait. Il avait fait presque cinq jours de beau temps et la nature réclamait sa tournure. Le barman divin ne s'était donc pas privé. Cihan aimait les temps chaotiques, un peu un reflet de ce qui se passait de sa tête. Une âme en bordel, bruyante qu'il avait envie de faire taire. Un poison , mais il en vivait bien. Du moins, il ne pouvait pas faire autrement alors autant ne pas trop se pouvoir l'esprit. Il avait fait son deuil. Contrairement à beaucoup de gens, son réalisme faisait que pour lui mort, c'était mort. Il n'y avait à passer par quatre chemins. Et puis même s'il se mentait, même s'il se défendait de flancher , parce qu'il y avait ses frères , peut être qu'un jour, il péterait un câble et que ce jour là, tout volerait.

Mais pour le moment... Il devait être irréprochable pour ses frères. Il devait être le père, le grand frère, celui qui les nourrirait et qui prendrait soin d'eux. Il ne devait pas y avoir d’incartades. C'était oppressant , terriblement oppressant. En plus de la scierie qu'il reprenait juste , les hommes plus âgés à garder dans le droit chemin en dépit de sa jeunesse, les efforts physiques inhabituels que cela lui demandait et le rythme journalier, sans compter le fait d'aller les chercher à l'école, leur faire à manger, s'occuper de la maison... Il se sentait perdre des bouts. Ah il allait se muscler, mais il aurait préféré ne pas être insomniaque, et ne pas craindre qu'une bande de dégénérés étranges ne viennent pour les tuer pour de bon. Cihan s'avança vers la grande cuisine au plan de travail en bois, central et se servit un café. Il avait la bouche pâteuse, alors quitte à être insomniaque autant avoir un gout agréable dans la bouche. Il bailla comme une carpe, sans aucune carpe et monta la tasse à sa bouche, buvant une gorge face à la fenêtre, qui donnait sur le jardin dehors et vit brusquement une légère ombre passer par dessus l'enceinte de bois qui l'entourait. Il plissa les yeux , se figeant. Une seule ombre ? Ou bien il avait vu juste la dernière? Il posa net la tasse, éteignit les lumières de la cuisine. Pieds nus, en jean et débardeur blanc, il courut au salon , choppa le grand couteau de cuisine le recourbant le long de son avant bras et éteignit les lumières du salon. Il avança lentement le long des murs, jetant parfois un regard par une fenêtre, puis une autre... Refermant chaque porte derrière lui. Il vit la lumière changer devant une fenêtre, mais rien de plus.

Cihan monta à l'étage, s'assura que les double volets métal et bois et les doubles vitrages étaient bien en places... Tout était bon à l'étage. Il vérifia que les trois frères étaient bien là, en silence, s'approcha de Gayme pour ramasser son doudou et lui redonner, puis sortit. En fermant doucement la porte, il entendit un bruit en bas. Merde. Il attrapa l’arbalète qui était accrocher en hauteur, et descendit , avec en ligne de mire le premier truc qui bougerait. C'était quoi cette blague. Qu'est-ce qu'un seul glandu venait faire ici... Son souffle était court, il avait éteint sa clope, mais la gardait dans ses lèvres... Il arriva en bas dans le couloir, et regarda à gauche et à droite, et avança lentement vers la cuisine. Il faisait noir... n'importe quoi pouvait surgir, il n'était même pas sûr de l'avoir à temps...